Wes Side
Dites, c'est fou, ça. Une semaine que j'essaie de remettre la main sur le Full House de Wes Montgomery (Original Jazz Classics OJC20 106-2), que je retourne la maison, que je cherche dans les endroits les plus improbables, et devinez où je le retrouve ce matin ? Dans l'étagère à cédés. Il est vraiment grand temps que je mette un peu d'ordre autour de moi, je crois.
Bon. C'est vrai qu'il était cadeau, celui-là. Que de tous les guitaristes de jazz, Wes est peut-être celui qui eut la sonorité la plus immédiatement reconnaissable, sans parler de la structure de ses solos : un tiers de single notes, un tiers d'octaves et un tiers d'accords. Procédé emprunté d'ailleurs, si l'on en croit la légende, à Les Spann -- excellent guitariste et flûtiste ouïssible entre autres sur le Ben Webster and Associates chroniqué il y a bien, bien longtemps, et sur le Smooth One de Johnny Hodges.
Il est vrai qu'un groupe ne tourne jamais aussi bien que lorsque ses membres sont habitués à jouer ensemble régulièrement, mais l'axiome connaît heureusement des exceptions... Au début du mois de juin 1962, Wes appela le producteur Orrin Keepnews depuis San Francisco. Le rêve d'Orrin Keepnews, qui était de faire enregistrer Wes en public au bon endroit, au bon moment, et en compagnie choisie, pouvait s'accomplir. Le bon endroit ? Le «Tsubo» de Berkeley, où Wes s'était déjà produit par le passé en compagnie de ses frères Monk et Buddy, un lieu à l'acoustique exceptionnelle. Le bon moment ? Le lundi 25 juin 1962, où les groupes respectifs des participants faisaient relâche. La compagnie choisie ? Johnny Griffin, le «Little Giant» du saxophone ténor, petit bonhomme et son énorme, et la rythmique du moment de Miles : Wynton Kelly, Paul Chambers et Jimmy Cobb.
Et voilà tout ce beau monde lâché sur trois originaux de Wes («Full House», «Cariba», en écoute ces derniers jours, et «S.O.S.») et une poignée de standards, dont le somptueux «Come Rain or Come Shine» que je vous propose d'ouïr aujourd'hui.
Alors... vous, je ne sais pas, mais ce qui me scotche à tous les coups sur ce cédé, c'est la rythmique. Carrée comme c'est pas permis. Pile-poil «on top of the beat». Solidissime d'un bout à l'autre -- vous pouvez toujours chercher ne serait-ce qu'un instant de flottement, vous n'en trouverez pas, que ce soit sur le rapide 3/4 de «Full House» (Griffin y est hargneux à souhait), sur l'up-tempo cent pour cent pur bop des deux prises de «S.O.S.» (délicieux solos de l'ineffable Wynton Kelly), ou sur les deux ballades de la séance -- le splendide «I've Grown Accustomed to Her Face»... trois minutes et dix-huit secondes miraculeuses (les slides de Chambers... les balais de Cobb...) et un «Born to Be Blue» qui balance doucement entre deux éclats...
Bon. Celui-là, de cédé, hors de question que je le re-range avec les autres. Parce que je me connais : je serais fichue de ne pas le retrouver, encore une fois !
Bon. C'est vrai qu'il était cadeau, celui-là. Que de tous les guitaristes de jazz, Wes est peut-être celui qui eut la sonorité la plus immédiatement reconnaissable, sans parler de la structure de ses solos : un tiers de single notes, un tiers d'octaves et un tiers d'accords. Procédé emprunté d'ailleurs, si l'on en croit la légende, à Les Spann -- excellent guitariste et flûtiste ouïssible entre autres sur le Ben Webster and Associates chroniqué il y a bien, bien longtemps, et sur le Smooth One de Johnny Hodges.
Il est vrai qu'un groupe ne tourne jamais aussi bien que lorsque ses membres sont habitués à jouer ensemble régulièrement, mais l'axiome connaît heureusement des exceptions... Au début du mois de juin 1962, Wes appela le producteur Orrin Keepnews depuis San Francisco. Le rêve d'Orrin Keepnews, qui était de faire enregistrer Wes en public au bon endroit, au bon moment, et en compagnie choisie, pouvait s'accomplir. Le bon endroit ? Le «Tsubo» de Berkeley, où Wes s'était déjà produit par le passé en compagnie de ses frères Monk et Buddy, un lieu à l'acoustique exceptionnelle. Le bon moment ? Le lundi 25 juin 1962, où les groupes respectifs des participants faisaient relâche. La compagnie choisie ? Johnny Griffin, le «Little Giant» du saxophone ténor, petit bonhomme et son énorme, et la rythmique du moment de Miles : Wynton Kelly, Paul Chambers et Jimmy Cobb.
Et voilà tout ce beau monde lâché sur trois originaux de Wes («Full House», «Cariba», en écoute ces derniers jours, et «S.O.S.») et une poignée de standards, dont le somptueux «Come Rain or Come Shine» que je vous propose d'ouïr aujourd'hui.
Alors... vous, je ne sais pas, mais ce qui me scotche à tous les coups sur ce cédé, c'est la rythmique. Carrée comme c'est pas permis. Pile-poil «on top of the beat». Solidissime d'un bout à l'autre -- vous pouvez toujours chercher ne serait-ce qu'un instant de flottement, vous n'en trouverez pas, que ce soit sur le rapide 3/4 de «Full House» (Griffin y est hargneux à souhait), sur l'up-tempo cent pour cent pur bop des deux prises de «S.O.S.» (délicieux solos de l'ineffable Wynton Kelly), ou sur les deux ballades de la séance -- le splendide «I've Grown Accustomed to Her Face»... trois minutes et dix-huit secondes miraculeuses (les slides de Chambers... les balais de Cobb...) et un «Born to Be Blue» qui balance doucement entre deux éclats...
Bon. Celui-là, de cédé, hors de question que je le re-range avec les autres. Parce que je me connais : je serais fichue de ne pas le retrouver, encore une fois !