Stompin' at the Savoy

Publié le par Lady D.

   Presque un conte de fée. Imaginez une bande de lycéens de Birmingham, Alabama, qui fondent un orchestre dans les années 20. Une bonne dose de talent, pas mal de boulot aussi bien sûr, un petit brin de chance sans doute... Voilà nos lycéens qui commencent à faire parler d'eux dans leur ville. Leur réputation grandit, au point de gagner l'ensemble de l'Alabama.

   Les années passent, et voilà nos lycéens étudiants au State Teachers' College de Montgomery. Les Bama State Collegians sont maintenant dirigés par le trompettiste Erskine Hawkins, et leur réputation ne cesse de s'accroître. Et... et si ils tentaient leur chance à New-York ?

   Le premier essai se solde par un échec. Qu'à cela ne tienne : ils reviendront en 1934.
   Je suppose que les deux premières années ne sont pas faciles. Mais Hawkins tient bon. En 1936, l'orchestre commence à enregistrer pour Vocalion. Ses disques rencontrent un certain succès, mais il faut attendre deux ans encore avant que se produise le déclic. En 1938, l'orchestre est pris sous contrat par l'un des labels les plus importants de l'époque, RCA-Victor. Bientôt, il commence à se produire régulièrement au Savoy Ballroom.
   C'est qu'en ce temps-là, les grands orchestres se produisent essentiellement pour la danse. Et n'allez pas croire que les danseurs constituent un public facile à satisfaire. J'irais presque jusqu'à dire que ce public-ci est parmi les plus exigeants qui soient. Parce qu'ils ont aussi des oreilles, les danseurs. Le moindre petit relâchement dans le tempo, et l'orchestre perd ses faveurs. Une fois, deux fois... passe encore. Mais à la troisième, le patron de la boîte commence à mâchonner son cigare en se disant qu'il faudrait peut-être commencer à penser à chercher ailleurs...
   De ce côté-là, l'ami Erskine est tranquille. Une rythmique tout terrains, des riffs d'une simplicité percutante mitonnés par quelques bons arrangeurs de l'époque (Jimmy Mundy et Sammy Lowe en tête), une préférence marquée pour ce fabuleux tempo médium tellement propice à la danse...
   Bien sûr, il n'y a pas de star, dans cet orchestre. Au fil des huit années que couvre ce Erskine Hawkins & his Orchestra Vol. 2 - Holiday for Swing (Jazz Archives 159762), y passeront quand-même quelques musiciens dont le nom nous est familier. Les frères Bascomb, Dud le trompettiste et Paul le saxophoniste ténor ; le tromboniste Booty Woode, futur ellingtonnien ; le guitariste Leroy Kirkland, qu'on croise au gré de pas mal de séances de l'époque ; Avery Parrish, le pianiste soliste du célébrissime «After Hours» ; Heywood Henry, clarinettiste et baryton, qu'on retrouvera par la suite aux côtés de Tiny Grimes, Rex Stewart, Earl Hines, Sy Oliver, et au sein des Savoy Sultans de Panama Francis ; Julian Dash enfin, qui fut de certaines des merveilleuses jam sessions conduites par Buck Clayton au début des années 50... 
   Je mets à part Bobby Smith, l'altiste sinueux et tranchant de notre «Seize», alias «Sneakin' Out», excellent instrumentiste donc, mais aussi compositeur prolifique et arrangeur plus qu'honorable. Ainsi qu'Erskine Hawkins lui-même, meilleur chef d'orchestre que trompettiste sans doute, considéré comme l'un des spécialistes du suraigu des années 30 et 40, mais dont les incursions parfois hésitantes me le font préférer, et de loin, quand il se cantonne au registre plus confortable de l'instrument...

   Une fois n'est pas coutume, je remets ici le premier morceau extrait de ce joli CD, et prends mon courage à deux mains pour citer l'ensemble des musiciens -- aussi pour faire ressortir le fait que le personnel de cet orchestre fut remarquablement stable au fil des années, et que la prééminence des cuivres (dix trompettes et trombones contre cinq saxes) n'altère en rien le bel équilibre : 

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«Sneakin' Out» - Erskine Hawkins, Bobby Johnson, Chuck Jones, Sammy Lowe, Bill Moore, Reunald Jones (tp) Ray Hogan, Dave James, Don Logan, Edward Sims (tb) Bobby Smith, Jimmy Mitchelle (as) Julian Dash, Aaron Maxwell (ts) Heywood Henry (cl, bar) Ace Harris (p) Leroy Kirkland (g) Leemie Stanfield (b) Kelly Martin (dm) - Enregistré le 24 avril 1946 à New-York - Composition et arrangement : Bobby Smith - Solistes : Bobby Smith / Erskine Hawkins / Bobby Smith / Bobby Johnson / Ace Harris / Bobby Smith.

   Et j'ajoute Ze Tube :

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«After Hours» - Erskine Hawkins, Sammy Lowe, Marcellus Green, James Harris (tp) Edward Sims, Bob Range (tb) Bill Johnson, Jimmy Mitchelle (as) Julian Dash, Paul Bascomb (ts) Heywood Henry (cl, bar) Avery Parrish (p) William McLemore (g) Leemie Stanfield (b) James Morrison (dm) - Enregistré le 10 juin 1940 à New-York - Composition : Erskine Hawkins - Arrangement : Avery Parrish.

Publié dans disques de chevet

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C
bisounours à toutes et tous !
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L
Rooooo mon Cactus ! Tout pétulant de si bon matin !!!
D
Croire que je vais traîner kla même blague pendant 26 lettres,  pfff. Vous accordez bien peu d'estime à mon talent, M'dame Mido. Vous serez encore en train de rire de d'aujourd'hui que je ferai déjà se tordre les habitants de Pluton en 2028 avec des blagues d'avant-garde qui serviront  de référence pour l'Almanach Vermot 2052. Je m'en vais chez des gens qui croient en mon talent.....................Bon, ben chez moi alors!
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L
Fred et moi allons continuer quelque temps encore à nous divertir avec votre petite blagounette. Mais nous avons beaucoup moins de talent que vous, ô virevoltante luciole de l'azerty.
C
<br /> Une petite poule : ou ça ?
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L
 <br />                                 
E
ben t'as fini par nuos le pondre cet article  ma p'tite poule !...
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L
De l'auto-maïeutique, en quelque sorte.
F
En espérant que tu ne sois jamais le dictatorial SS.... <br /> Désolé !
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L
Ah... Pourtant, il me semble bien l'avoir déjà croisé, celui-là... Mais le pire serait peut-être encore CC !