A la croisée des chemins...

Publié le par Lady D.

   Étrange carrière que celle de Charlie Byrd, en quelque sorte à contre-courant de celle de la plupart de ses collègues guitaristes. Quand il débute professionnellement, à 22 ans, il se produit tout naturellement à la guitare électrique, aux côtés des clarinettistes Joe Marsala et Sol Yaged, puis des pianistes Barbara Carroll et Freddie Slack.
   Mais au tout début des années 50, le voilà qui abandonne la guitare électrique pour prendre des cours avec Sophocles Papas, professeur réputé de guitare classique qui enseigne à Washington, D.C. En 1954, il est à Sienne et étudie aux côtés d'Andres Segovia ; un temps, il pense même abandonner le jazz pour se consacrer au classique. Le projet est abandonné, et notre drôle d'oyseau poursuit sa carrière, gravant en 1957 le présent Midnight Guitar (Savoy SV-0247), en compagnie du contrebassiste Keter Betts (à ne pas confondre avec Skeeter Best, un autre guitariste) et du batteur Gus Johnson.

   La suite de la carrière de Charlie Byrd ? En condensé : une tournée en Amérique du Sud, en 1961, l'incite une fois de plus à changer de style. L'année suivante, il enregistre avec Stan Getz le disque Jazz/Samba. La vogue de la bossa-nova est lancée aux États-Unis, et ne tardera pas à conquérir le reste du monde !
   Et notre oyseau poursuit son petit bonhomme de chemin, enregistrant indifféremment jazz, bossa, classique, tango même (en compagnie de Laurindo Almeida)... Il disparaîtra en 1999, à l'âge de 74 ans.

   Midnight Guitar est un disque singulier. Une synthèse parfaite des musiques de l'Ancien et du Nouveau Mondes, qui rappelle bien sûr le «jazz de chambre» du Modern Jazz Quartet -- tant par le fond que par la forme, d'ailleurs : voir la construction de «Blues for Night People», longue suite en trois parties qui évoque certaines oeuvres au long cours du M.J.Q.. Avec, toujours en filigrane, l'influence de Segovia et, plus étonnant peut-être, des accords qui vont chercher au plus profond du terreau de la musique noire américaine, des accords hérités des vieux guitaristes de «country blues», des accords à la Big Bill Broonzy presque, surprenants de rugosité dans un discours sinon délicat jusqu'au maniérisme ! Le swing ? Il est omniprésent, tant chez Byrd que chez ses accompagnateurs -- Keter Betts est de ces contrebassistes ennemis de l'esbroufe qui font, mine de rien, tourner la machine ; quant à Gus Johnson, aux balais exclusivement, il est merveilleux de discrétion, de légèreté, de sensibilité.

   Ah, bien sûr, rien à voir avec le swing brut de décoffrage d'un Monty Alexander ou d'un Ronald Baker. Plutôt du jazz dentelle, amoureusement tissé, qui appelle la flûte de champagne et les lumières tamisées !

 

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«Blue Prelude» - Charlie Byrd (g) Keter Betts (b) Gus Johnson (dm) - Enregistré le 4 août 1957 à Hackensack, New Jersey.

Publié dans disques de chevet

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T
Moi, j'ai trouvé un bon truc avec ton blog, je lis l'article , je mets la musique en route et je fais des visites en me dandinant sur mon siège, tu es ma radioladyblog mdrr gros bisous de la part de la sadique de service hihi
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L
Tu sais quoi ? Je fais pareil !Bisous.
D
Tu n'en parles jamais,je vais t'éclaicir.<br /> Birelli.Je vais le venger.<br /> Bisouilles la françoise.
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L
Ah oui, tiens !Et les Ferré Brothers ? Et Escoudé ? Et les autres ?Bisouillous mon p'tit café liégeois, attention, le prochain blindfold est en ligne (et dans ta boîte aux lettres) demain !
O
Temps bien gris... Orage toute la nuit, éclairs à gogo...Bisous du matin !La Pêchouille
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L
Et tu vas voir qu'elle va se plaindre qu'il fait pas beau, maintenant !Ah celle-là, dis-donc...