Péché mignon...
Je l'avoue. J'ai une manie. Tout ce qu'il y a de plus innocente, du moment que je réfrène mon envie de la faire partager. Jusqu'ici, j'ai à peu près réussi, mais je crois qu'aujourd'hui, je vais craquer.
Je lis les journaux avec une paire de ciseaux à la main. Et je découpe consciencieusement les articles qui me marquent. Il y a du sérieux, bien sûr. Le 11 septembre. L'Afghanistan. Des belles histoires aussi. Et du bizarre. Du farfelu. Des infos insolites. Des phrases à la syntaxe approximative, qui finissent par ne plus rien vouloir dire du tout -- quand elles ne versent pas dans le nonsense le plus total. Des citations glanées çà et là.
Et tout à l'heure, je viens de relire celles qui traînaient dans mon portefeuille depuis des mois -- à l'époque, je lisais France Soir, vous voyez si ça date. Avant la longue grève. Avant la reprise. Avant la dégringolade vers le niveau zéro de l'information. Avans que je décide que quitte à lire un journal, mieux valait mettre € 2 par jour dans le Herald Tribune.
Aperçu :
Petite phrase prononcée par le président vénézuélien Hugo Chavez : «Vous êtes un âne, Monsieur Bush. Vous êtes un alcoolique, ou plutôt, vous êtes un ivrogne.»
On est au courant, mais ça fait toujours du bien de le relire.
Fait divers : «La mort de l'octogénaire n'est pas consécutive à la rouée de coups qu'il a reçue, mais plutôt à l'absence de soins et une probable agonie.» Il arrive en effet que les choses se passent ainsi.
En pleine psychose de la grippe aviaire, ce court article, très «guerre des gangs» :
«Quand les poulets canardent des canards...
Des policiers de Sens ont tiré hier sur des canards qui étaient perchés sur le cadavre d'une oie sauvage, sur les rives de l'Yonne. L'oie et deux canards tués ont été récupérés pour analyse. Un troisième canard, blessé au col, est tombé dans la rivière et les policiers n'ont pas réussi à le rattraper. Les policiers ont voulu tuer ces bêtes pour éviter tout risque de contamination, dans le cas où l'oie serait morte de grippe aviaire. Ils étaient intervenus vers 8 heures au sud de Sens, dans une zone sans habitation, après l'appel d'un particulier. Constatant le contact direct des canards sauvages avec l'oie, ils ont choisi avec leur hiérarchie de les éliminer. Des témoins ont entendu six coups de feu.»
Dommage que l'auteur n'ait pas osé pousser le pastiche un peu plus avant. Un «le signalement du fuyard a été communiqué aux hôpitaux et aux forces de polices» eut parachevé son oeuvre !