Un peu d'histoire
Voici quelques années, le lycée professionnel de ma ville étant devenu trop petit, trop vieillot aussi, un nouveau bâtiment fut construit, un peu à l'extérieur de la ville. L'ancien lycée resta en l'état, avant d'être détruit pour laisser place à une résidence.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, démolir le lycée ne fut pas chose facile. Les entrepreneurs rencontrèrent une difficulté de taille : un blockhaus qui, à l'époque de la construction du lycée, avait résisté à toutes les tentatives de destruction, et qui avait fini par être en quelque sorte intégré au bâtiment, où il servait, si je me souviens bien, de salle de sport.
Ne me demandez pas combien de blockhaus subsistent sur la vingtaine de kilomètres de côte que j'aime tant parcourir ; je n'en ai aucune idée. Seule une carte IGN donnerait la réponse. Il y en a dans la forêt ; sur la plage ; sur les falaises ; dans les jardins - entre autres dans celui d'une magnifique villa Belle Époque, où il a peut-être été transformé en remise à outils. Ces monstres de béton ne sont pas indestructibles, mais il faudrait pour les faire disparaître déployer des moyens énormes -- et peut-être vaut-il mieux les laisser en l'état, pour ne pas oublier. Une polémique d'ailleurs est née il y a deux ans, entre les propriétaires d'une résidence grand luxe, qui souhaitaient démolir le blockhaus planté dans le jardin, et mon ancien professeur d'histoire, notre historien et cartographe local, qui argua qu'il s'agissait là d'une façon de monument historique, et qu'il devait rester là où il était.
Au fil du temps, une véritable fascination pour ces témoins d'une époque tragique est née en moi, et y a grandi. J'aimerais recenser en photos tous les blockhaus de ce petit bout de côte Atlantique... qui témoignent non seulement de la folie meurtrière des hommes, mais aussi de l'inexorable travail de sape des éléments - s'ils sont aujourd'hui les pieds dans l'eau, ces blockhaus-ci, il y a soixante ans, étaient à bonne distance de la mer, nichés au creux des dunes...
