Looking for Lucky (Cinq)

Publié le par Lady D.

Début 1956, Lucky retrouve un vieil ami : Milt Jackson. Ensemble, en à peine plus de quinze jours, ils graveront quatre albums, quatre merveilles : Roll 'Em Bags, Ballads and Blues, The Jazz Skyline et Jacksonville. Un mois plus tard, Lucky s'envole pour Paris. En quatre mois, il y grave une poignée d'albums, sous son nom essentiellement, en compagnie de quelques musiciens français… le moins qu'on puisse dire est qu'il ne gardera pas un très bon souvenir de l'expérience : «Gérard Pochonet avait amené ses musiciens, et il avait laissé les meilleurs de côté. Il n'y a qu'avec Martial Solal que je pouvais partager quelque chose». Et il enfonce le clou : «Le vibraphone sonnait comme un jouet de fer blanc… une batterie de cuisine… Ensuite, il a suivi Milt Jackson de très près - il adorait Milt et Milt a dit qu'il s'était énormément amélioré». Il ? Michel Hausser. Et enfin : «Ce disque pour Biograph est le pire de tous». Il semble que Lucky veuille parler de Lullaby in Rhythm, crédité à «Lucky Thompson with the Dave Pochonet All Stars». Malgré tout, Lucky reviendra en Europe, l'année suivante.

Mais comme New-York est New-York, c'est-à-dire la Mecque du jazz, le voilà reparti. Il n'y a que là-bas qu'il peut passer de Stan Kenton à Oscar Pettiford, de Dinah Washington à Lionel Hampton, de Quincy Jones à Louis Armstrong, de Chris Connor à Milt Jackson. Avec, toujours, ce phrasé éminemment lisible, cette sonorité ample, cette manière d'entamer un solo en répétant deux fois, trois fois, le même segment de phrase, ce vibrato mordant qui brise la note.

Au printemps de 1957, Lucky est de retour sur le Vieux Continent. Il y restera cinq ans. Les séances se bousculent. Lucky retrouve son pote Martial Solal, mais aussi Michel Hausser et «Dave» Pochonet, dont il garde un si mauvais souvenir ; côtoie Stéphane Grappelli et Pierre Michelot ; se replonge avec délectation, on peut le supposer, dans l'ambiance de la Grosse Pomme aux côtés de Kenny Clarke, Bud Powell, Oscar Pettiford et Jimmy Gourley ; découvre, à Baden-Baden, un tout jeune trompettiste du nom de Dusko Goykovic ; et confronte sa conception du blues à celle d'un orfèvre en la matière, Sammy Price, de passage à Paris. La rencontre est improbable mais le résultat, splendide. Il y enregistre aussi sous son nom, le merveilleux Lord, Lord, Am I Ever Gonna Know?, aux côtés de Martial Solal et de Klook.

Publié dans avant-premières

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P
Lynch- Bages.
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P
et comment!!!!!
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P
... mouai en 33t uniquement... plus qu'à me réécouter Walkin' de Miles... je l'aurai bien écouté ailleurs...
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L
Si je comprends bien, j'ai intérêt à finir les chapitres six et sept (deux trois trucs à ajouter) pour les mettre en ligne les 10 et 13 si je veux pas me faire lyncher !
P
Ton histoire est passionnante!!! Je me suis précipité sur mes disquaires en ligne et... ils ne semblent plus disponibles... c'est bien triste ... je vais allez voir sur Paris Jazz Corner, on ne sait jamais...
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P
Milt Jackson,le blues et le swing incarné!
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