Vian's English

Publié le par Lady D.

   Vous avez aimé les Chroniques de Jazz ? Vous allez adorer Jazz in Paris (Pauvert, 1997), qui reprend les manuscrits et dactylogrammes des textes d'enchaînement d'une quarantaine d'émissions enregistrées par Boris Vian en 1948 et 49 pour la radio new-yorkaise WNEW, laquelle souhaitait initier ses auditeurs au jazz tel qu'on le pratiquait en France.

   La plupart des textes furent écrits directement en anglais (rappelons que Boris Vian fut également traducteur à ses heures, essentiellement pour la Série Noire), et l'anglais de Vian est comme son français : inattendu, inventif, poétique, ironique. Mais en même temps éminemment compréhensible car, bien qu'il se vante dans Chroniques de Jazz de «pense(r) en anglais comme les Grandscritiques de jazz», son anglais demeure une transposition de son français... d'où la profusion d'expressions indiscutablement vianesques.

*   This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more and more kroopitipi jazz from France.

*   The first chorus suffers from a sort of anemia but the ending has no lack of vitamins whatsoever.

*   This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more nasto-shitty jazz from Le Pays des Barbus.

*   Today we're going to introduce one of the French kiddies on the keys, a lad called Persiany after his father and André for the ladies.

*   Today we're bringing back Hubert Rostaing, France's best clarinet man, and his new sextet. Now, personally, I don't very much like the instrument they call the «Licorice stick»; usually you blow in one end, and from the other end emerges the sounds of a cat being strangled.

*   Let's leave that sunny side and change for some more psychological conversation; by the way, tell me why I can't believe that you're in love with me...
  
I Can't Believe That You Are In Love With Me.
   And after that strange statement (I say strange because, in fact, I'm a very charming character), let's listen... etc.

*   The strange sounds you just heard were first, Nell Evans voice, and then, the violins. You know, of course, what a violin is: a variety of washboard with ropes and a bow. There's another side to this platter, but without a voice. It's Day Dream... a very nice dream, indayd...

   Comme vous pouvez le voir, il s'agit d'une édition bilingue... ce qui implique la participation d'un traducteur. Et Gilbert Pestureau (également auteur de la préface et des notes) accomplit un véritable tour de force, recréant avec fidélité et inventivité l'univers  linguistique tellement personnel de Vian.

   Un bouquin très distrayant, donc... mais aussi très instructif. Entre deux facéties, Bison Ravi ne peut s'empêcher de glisser çà et là quelques repères historiques et quelques critiques bien senties qui, aujourd'hui encore, offrent un précieux complément d'information sur le jazz tel qu'on le jouait en France dans les années 40. Et son point de vue vaut bien celui des pontes du Hot Club de France !

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