La mauvaise vie

Publié le par Lady D.

J'ai terminé hier le bouquin de Frédéric Mitterrand, et je ne sais toujours pas quoi en penser. Je suis prise entre fascination et rejet. Entre le bonheur vrai de découvrir ces phrases ciselées à la perfection, qu'on ne peut lire sans entendre la voix familière de l'auteur, sa façon si particulière de poser, de détailler les mots, et un sentiment de rejet instinctif devant la noirceur de certains passages.

Frédéric Mitterrand a écrit ce bouquin comme il aurait vomi un poison qui était en train de le tuer à petit feu. Alors, tout compte fait, peut-être que ce que je ressens avant tout, c'est de l'admiration pour cet homme qui se met à nu, pour la première fois sans doute. Les amours déçues, les boîtes de Bangkok, les nuits tarifées dans des hôtels minables, où il aurait suffi de si peu pour que naisse l'amour, le vrai, celui qu'il cherche depuis toujours sans être jamais parvenu à le trouver... à moins qu'il le cherche trop fort, justement, pour rester lucide, à moins que les petits gestes qu'il décrit, la tendresse qui est venue habiter certaines de ces nuits n'ait existé que dans son imaginaire qui continue à espérer follement, ou, pire encore, qu'elle n'ait été motivée que par ces quelques billets posés sur les vêtements du garçon qui attend, sur le lit...

Je ne suis sans doute pas sortie indemne de ce bouquin... Mais, lui non plus. Tout ce que j'espère maintenant, c'est qu'il se sent un peu mieux. Qu'en refermant ce livre, j'ai gardé en moi une partie infime et tout-à-fait supportable de l'amertume, de la culpabilité, du désespoir qui le dévorent depuis tant d'années. Qu'il trouvera la force de continuer à vivre, de continuer aussi sa quête du bonheur...

Après, j'ai lu les premières pages de la bio de Nina Simone. Déjà, je sais que je m'embarque dans d'autres pages qui contiennent leur lot de noirceur. Mais je sais aussi que je serai moins touchée. Peut-être parce que le style de l'auteur est trop sec, trop journalistique pour faire naître l'émotion. Peut-être aussi parce que la «Mauvaise vie» de Frédéric Mitterrand est trop profondément ancrée en moi, pour le moment. Alors, je crois que je vais attendre quelques jours...

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